Grâce à sa victoire sur le fil face au Centre Portugais d’Yverdon dimanche à Sous-Ville (4-3), Baulmes a confirmé ses ambitions, après un exercice 2024-2025 qui l’avait vu rester sur sa faim. Abraham Keita, revenu en octobre dernier pour reprendre les rênes de la première équipe, dont il avait porté les couleurs il y a 20 ans déjà, n’est pas étranger à ce renouveau.
Une tribune joliment garnie, quelques rayons de soleil par intermittence et trois nouveaux points au compteur : tout était réuni dimanche au Stade Sous-Ville pour qualifier la journée de réussie. En l’emportant face au Centre Portugais d’Yverdon sur le score prolifique de 4-3, les Baulmérans ont matérialisé un peu davantage ce qui semblait se dessiner petit à petit depuis la reprise : il faudra plus que jamais compter sur eux en haut du tableau du groupe 5 de 4e ligue. Les résultats parlent d’eux-mêmes ; avec 4 succès en autant de rencontres de championnat et une performance encourageante au tour préliminaire de la Coupe vaudoise contre Chavornay, pensionnaire de 2e ligue (ndlr : défaite de justesse 2-3), la formation dirigée par Abraham Keita est en train de vivre un début de saison presque parfait.

Retour en terre promise
Mais les plus fervents observateurs du club nord-vaudois l’ont certainement encore en mémoire : à la même période l’an dernier, les coéquipiers du capitaine Elvis Omba avaient sensiblement vécu une pareille entame, eux qui avaient profité de l’euphorie de la promotion pour récolter 9 unités lors les trois premières journées. Mais voilà, l’effervescence s’était rapidement évaporée et le collectif « bleu et blanc » avait fini par rentrer dans le rang, puis se séparer de son entraîneur de l’époque, Ali Sakirov. Le latéral Marco Locatelli, enfant du village et joueur de l’équipe fanion depuis 3 ans, se souvient bien de cette période difficile : « C’est vrai qu’on avait bien démarré, mais ensuite nous avions perdu nos deux gardiens et on avait donc été forcés d’aligner des joueurs dans les buts. C’est peut-être ce qui a cassé la dynamique. Heureusement, on a su se reprendre, et ce notamment grâce à l’arrivée d’Abraham (ndlr : Keita) à la tête de l’équipe. »
L’histoire était déjà écrite, quelque part, que celui qui avait le bonheur du FC Baulmes au milieu des années 2000 alors que l’équipe avait fêté sa promotion historique en Challenge League, allait revenir un jour fouler à nouveau la pelouse de Sous-Ville. Ce même pré qui avait été témoin de ses exploits et buts à répétition est aujourd’hui le vecteur de la reconstruction. Pourtant, tout n’a pas été clair comme de l’eau de roche lorsque le président Jacques Balmat avait contacté le principal intéressé en octobre 2024 pour tenter de le faire adhérer au projet. « C’était une période de ma vie où j’avais perdu l’envie de coacher. J’ai tout de même accepté de venir voir de moi-même, et il faut dire que ça n’avait pas été très convaincant, se remémore Abraham Keita, le sourire aux lèvres. Il n’y avait plus de coach, sept joueurs à l’entraînement, un terrain tout bosselé et un matériel d’une qualité discutable. Pourtant, les mecs étaient présents ! Donc je me suis dit qu’il devait y avoir quelque chose, malgré tout. C’est ce qui m’a poussé à accepter le défi, le fait qu’il y avait tout ou presque à reconstruire. Mais on revient de loin, c’est vrai. »

L’heure du renouveau
Sportivement, la révolution semble donc être en marche au FCB. Le noyau dur du contingent, présent depuis un peu plus de deux ans et parmi lesquels se trouvent l’expérimenté Nelson Lupede, les défenseurs Ricardo Costa et Samuel Ndondi, au même titre que l’attaquant Théo Gilgien, lui aussi jeune du village, a été agrémenté d’éléments de qualité, pour constituer un effectif capable de jouer les tout premiers rôles. L’arrivée de Muhamed Husic, en provenance de la « une » de Bosna Yverdon notamment, a permis de cimenter un peu plus le projet Baulméran dans le paysage nord-vaudois.
Là non plus, le travail de recrutement n’a pas été une sinécure pour Abraham Keita, mais l’ancien entraîneur du FC Donneloye en a vu d’autres, et surtout il sait où il va. « Certains des cadres sont là depuis la 5e ligue, donc la base du groupe est solide. Ce n’est jamais facile de faire venir des joueurs, surtout pas dans une période comme aujourd’hui, où les enjeux se trouvent parfois ailleurs que sur le terrain. D’ailleurs, beaucoup n’ont aucune foi en ce projet, mais nous on y croit. Cela ne nous a pas empêché de suer un peu pendant la trêve, plaisante l’entraîneur-joueur. Mais en travaillant main dans la main avec le comité et le président, on a pu avoir un discours franc et sincère envers les joueurs qui sont venus essayer et ceux qui ont fini par signer. On attend de chacun une attitude irréprochable et, en contrepartie, on leur amène un super esprit de groupe et, surtout, un environnement optimal et avec des installations magnifiques. »

Et la mayonnaise commence à prendre. « Le coach nous apporte toute son exigence et son expérience. Si on fait une erreur, il n’hésite pas à nous le dire franchement. C’est ce qui nous pousse à nous surpasser et nous fait tous progresser en équipe », estime Marco Locatelli. Et l’expertise n’est pas seule chose que l’ancien pro a emmené avec lui dans ses valises. Buteur à cinq reprises depuis le début de l’exercice, Abraham Keita, du haut de ses 50 printemps, a disputé l’intégralité de la rencontre dimanche face au Centre Portugais.
Une façon pour lui de concilier son rôle aux commandes du vestiaire et son amour insatiable du ballon rond, lui qui s’était pourtant fait la promesse de jouer le moins possible. « Le problème, c’est que j’aime trop le football. J’aime être sur le terrain, participer, marquer des buts. C’est quelque chose qui est en moi. Et puis en étant au coeur du jeu, c’est plus facile pour moi de transmettre certaines consignes », explique celui qui est assisté de Leandro Guerreiro depuis le mois de juillet. Le classement des buteurs lui fait pourtant déjà les yeux doux. « Honnêtement je ne pense pas à ça là tout de suite. Il faudra voir avec l’enchaînement des matches et des résultats, et si l’équipe a besoin que je sois sur le terrain, alors je le serai. Et peut-être que je finirais par me prendre au jeu, sourit-il. Toujours est-il que les joueurs ont tous bien compris où ils ont mis les pieds, dans un club avec un passé riche. Maintenant, c’est à eux d’écrire leur propre histoire. »
Avec un but décisif d’Abraham Keita lors des finales de promotion au printemps prochain, comme au bon vieux temps ? Baulmes a le droit d’en rêver.
Les hommes du match
Chez les Baulmérans, Théo Gilgien a démontré l’étendue de ses qualités et permis aux siens de faire le trou grâce à un doublé décisif. Sur le flanc droit de la défense, Killian Lindanda a fait preuve d’une activité incessante. Chez les lusitaniens, David Felix a sonné la révolte juste avant le thé d’une frappe sèche, sans laquelle le score final aurait sûrement été bien plus sévère.
14.09.2025: Baulmes – Centre Portugais d’Yverdon 4-3 (4-1)
Buts : 3e Keita 1-0 ; 5e Omba 2-0 ; 20e, 28e Gilgien 4-0 ; 44e Felix 4-1 ; 47e, 54e Da Silva 4-3.
Baulmes : Rogazzo ; Lindanda, Ndondi, Costa, Locatelli ; Amougou, Husic, Omba, Keita ; Gilgien, Sow.
Sont entrés en jeu : Belhaj, Lupede, Pina, Siewe, El Mandori, Ngongo et Burgy.
Entraîneur-joueur: Abraham Keita.
CP Yverdon : Pacheco ; Alvarez, Rios, Reis, Coelho ; Duarte, Mira, Gomez, Pereira, Felix; Da Silva.
Sont entrés: Spataru, Correia, Rocha, F. Moreira et J. Moreira.
Entraîneur: Paulo Rodrigues.
Notes: Stade Sous-Ville, 95 spectateurs. Arbitrage de Marcio Azevedo, qui avertit Rios (23e, jeu dur), Siewe (76e, jeu dur) et Husic (89e, jeu dur).
Texte et photos : Lucas Panchaud