Pour Beatriz Perez, « Tout reste à faire »

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À l’issue de l’Euro féminin de l’été 2025, l’ASF annonçait vouloir doubler le nombre de licenciées en Suisse. Ce développement du foot féminin passe par la mise en place de projets de la part des associations régionales. Sur Vaud, la tâche a été confiée à une commission du football féminin, créée en mars 2024. Rencontre avec Beatriz Perez, sa présidente.

Le projet Honeyball

Lancé en mars 2024, le projet Honeyball (du nom de Nettie Honeyball, pionnière du football féminin dans l’Angleterre de la fin du XIXe siècle) a pour but de développer le football féminin de base. Doté d’un budget de 750’000 CHF financé par le Canton et la fondation FootAvenir, le projet est piloté par la commission du football féminin de l’ACVF, dont l’organigramme trahit le principal axe de travail : la proximité avec les clubs. Le canton de Vaud a été partagé en cinq régions, dont chacune a son répondant dans la commission. Le but du projet ? « Développer une offre qualitative pour rendre le football accessible aux filles et aux femmes dans tous les rôles, non seulement joueuses, mais aussi entraineuses, arbitres ou dirigeantes », explique Beatriz Perez.

Beatriz Perez dirige le football féminin vaudois depuis mars 2024./ Crédit photo : ACVF.

Le projet en est déjà à sa troisième phase. En 2024, la première étape a eu pour but de remercier les clubs qui s’étaient engagés dans le football féminin au cours des dernières années avec une rétribution financière. Le début de cette année a été consacré à la préparation des structures en vue de l’Euro, organisant manifestations ou fan zones dans le canton pour donner de la visibilité au football féminin. Enfin, la troisième phase en cours, c’est d’absorber les nouvelles joueuses amenées avec l’engouement de l’Euro en accompagnant les clubs dans le processus. Bien qu’il soit encore trop tôt pour évaluer le projet Honeyball dans son ensemble, Beatriz Perez tire un bilan positif des deux premières phases : « En 2025, il y a déjà 250 joueuses en plus par rapport à l’année précédente, et ceci pas forcément avec l’Euro, mais plutôt grâce à la mise en place d’un projet. Maintenant, l’enthousiasme de l’Euro est un peu retombé, mais c’est à l’ACVF de reprendre le flambeau. »

Adapter la formation aux enjeux du football féminin

Concrètement, les mesures du projet Honeyball se traduisent aussi par la mise en place des cours J+S dédiés au football féminin. En mars dernier a eu lieu le premier cours destiné uniquement à des entraîneuses pour l’obtention du diplôme C, suivi en juin par un module de perfectionnement destiné aux entraîneurs femmes et hommes mais dédié au coaching de joueuses, en abordant des thématiques spécifiques au football féminin. Des structures qui ne peuvent qu’améliorer la qualité de l’encadrement du foot féminin et encourager toujours plus de filles et de femmes à s’engager dans le sport.

En plus d’être mieux encadrées, les jeunes filles talentueuses auront dorénavant la possibilité de concilier leur passion avec l’école. Cette saison a en effet vu pour la première fois l’ouverture d’une classe de Sport-Études dédiée au football féminin à Puidoux. Beatriz Perez ne cache pas sa satisfaction de voir ce projet aboutir : « Cette classe, c’est le gage d’une offre qualitative pour les jeunes filles. Elles ont ainsi accès aux mêmes prestations que les garçons. »

« Amener de la compétition » chez les Juniores

À partir de cette saison, les catégories juniores féminines ont été adaptées pour s’aligner sur les catégories mixtes et masculines. Les FF-15 et FF-19 ont été modifiées en FF-14 et FF-17, ainsi qu’en FF-21, bien que la catégorie ne soit pas ouverte cette saison, faute d’équipes. « Il s’agissait de trouver des équivalences entre les catégories mixtes et féminines, explique Beatriz Perez. Avant, une fille qui jouait en Juniors C à 11 se retrouvait ensuite reversée en FF-15 à 9, ce qui constituait une sorte de “régression”. Maintenant, les FF-14 sont équivalentes aux Juniors D, et les FF-17 et FF-21 couvrent les Juniors A, B et C. »

Mais ce n’est pas tout, la présidente de la commission du football féminin annonce également que les FF-17 compteront pour la première fois un deuxième tour en BRACK.CH Youth League. Cet automne, les jeunes filles nées entre 2008 et 2011 sont réparties en premier et en deuxième degré. « Cela va installer un système de promotion pour amener de la compétition dans cette catégorie d’âge », se réjouit Beatriz Perez. Ainsi, les deux meilleures équipes vaudoises de premier degré intégreront au printemps un des cinq groupes du championnat BRACK.CH Youth League, où s’affronteront les meilleurs collectifs de toute la Romandie.

Peau-neuve pour la 4e ligue et premier bilan des Séniores +28

Chez les actives, c’est surtout la 4e ligue qui a changé. Les treize équipes sont désormais réunies dans un groupe commun, qui se sépare en deux pour le deuxième tour. Les six équipes les mieux classées se disputeront la promotion, tandis que les autres rejoueront un nouveau championnat. Cette nouvelle formule comporte de nombreux avantages pour la présidente de la commission du football féminin : « La 4e ligue était un championnat avec deux niveaux marqués. Maintenant, après un premier tour qualificatif, le printemps sera plus équilibré. De plus, cette solution ouvre la possibilité d’inscrire de nouvelles équipes en hiver, ce qui est positif au niveau du développement et de la promotion du football féminin. »

Toutes les équipes de 4e ligue ont été réunies dans un seul groupe./ Crédit photo : Loïc Marendaz.

Enfin, Beatriz Perez explique la création au printemps dernier de la nouvelle catégorie des Séniores +28, qui se joue à 7 contre 7 en deux mi-temps de 35 minutes. Une catégorie qu’elle connait bien, puisqu’elle y participe aussi. « Cela vient de l’écoute de dames au bord du terrain, souvent de mamans qui ont amené leurs garçons au bord des terrains et qui formulent la volonté de jouer. On a donc lancé ce projet sur les six derniers mois avec quatre équipes, qui se sont réinscrites pour cette année. On se réjouit d’attaquer cette saison. »

Et pour la suite ?

Quand on lui demande ce qu’il reste à faire, Beatriz Perez répond avec un grand sourire : « Tout ! Tout reste à faire pour emmener le football féminin aussi haut que l’a été la qualité de cet Euro. L’offre et l’accompagnement aux joueuses doivent être le plus sérieux possible, avec une professionnalisation de la branche à moyen terme. » S’il reste encore du chemin à parcourir pour permettre à chaque vaudoise de vivre sa passion du football, l’aventure a été lancée et laisse entrevoir un futur radieux pour le foot féminin.

Texte : Massimo Carbone
Photo de couverture (archives) : Gabriel Da Mota @gbpicture_

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